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Bilal ibn Rabâh
بلال بن رباح


Bilal ibn Rabâh (en arabe : بلال بن رباح ), dit Al-Habashi « l'Abyssin » était l'un des compagnons du prophète  Mohammad.
II est né à La Mecque dans le Hejaz, en 580 après J.-C. Son père Rabah était un esclave arabe du clan des Banu Jumah, sa mère, Hamamah, était une ancienne princesse Abyssine capturée après la tentative de destruction de la Kabaa par Abraha l'Abyssin et réduite en esclavage. Né esclave, Bilal n'a pas eu d'autre choix que de travailler pour son maître, Umayyah ibn Khalaf. Par la suite, il fut affranchi par Abû Bakr. Il est considéré comme le premier muezzin, il était connu pour sa belle voix, avec laquelle il appelait les gens à leurs prières. Il meurt en 640 à l'âge de 62 ans.

En tant que premier muezzin, Bilal est le patron des muezzins et de leurs corporations. D'après certaines traditions, il est l'un des dix-sept premiers patrons, parmi les compagnons présents, à avoir été initiés, sur l'initiative du prophète, par Ali lui-même — et non par Salman le Perse.

Bilal est un des premiers convertis à l'islam. D'après la majorité des récits, il est le cinquième à avoir embrassé la religion musulmane. En effet, après Khadija, première épouse du prophète, et Ali, neveu et futur gendre du prophète, suivent le premier homme adulte, Abou Bakr, puis le premier esclave affranchi, Zayd ibn Harithah, fils adoptif du prophète, et Bilal.

La conversion du gardien du temple des idoles

Quand Mohammad divulgua son message, peu d’adeptes répondirent à l’appel mais grande était leur ferveur. Les chefs de tribu inquiets pour leur pouvoir cherchaient à tuer Mohammad et ainsi annihiler l’islam naissant. À l’inverse, leur opiniâtreté révélait leur crainte de cette nouvelle croyance, et contribuait à l’extension de l’islam aux autres classes sociales. Bilal, alors surveillant du temple des idoles, croyait en ces statues façonnées par l’homme. Pourtant, comme les autres, il fut ébranlé. Comment ces statues de pierre, incapables de se protéger, pouvaient être les créateurs du monde ? Forcé d’accepter l’idolâtrie, les quelques doutes qui lui subsistaient furent ravivés par l’appel de Mohammad. Bilal savait que Mohammad venait souvent prier près de la Ka'aba à la nuit tombée. Finalement convaincu par Abou Bakr de la véracité de cette religion, il se hâta d'aller trouver Mohammad et fit la chahada pour se convertir à l’islam.

Omayyah Ibn Khalaf était de ces chefs de tribu qui conspiraient contre l’islam. Lorsqu’il apprit la conversion de Bilal, il entra dans une rage terrible et lui ordonna de renier sa nouvelle croyance. Bilal refusa : « Je ne crains pas d’affirmer ma foi. Je n’ai nulle intention de l’abjurer. Je suis ton esclave mais je reste libre de choisir ma croyance ». Ces paroles décuplèrent la colère d’Omayyah qui déchaîna contre lui toute sa violence et résolut de le torturer pour le faire abjurer. Mais à l’inverse, ce traitement renforça la foi de Bilal. Devant sa résistance, Omayyah imagina une torture qui résulterait de son abjuration ou de sa mort. Il fit emmener Bilal dans le désert, étendre sur des pierres brûlantes et poser sur sa poitrine un énorme rocher brûlant tout en le faisant fouetter. Mais à sa grande déception, malgré son affaiblissement, Bilal ne trouvait la force de murmurer que «Ahad, Ahad» ([Dieu est] Unique, Unique!). Cette scène de torture quotidienne finit par attirer des spectateurs et la résistance de Bilal forçait l’admiration. Plus Omayyah persistait dans sa cruauté, plus Bilal se réfugiait profondément dans sa croyance, espérant la mort telle une délivrance divine.

Délivré sur requête du Prophète

La mésaventure de l’infortuné Bilal était sur toutes les lèvres de la région mecquoise. Mohammad qui s’inquiétait pour lui, cherchait le moyen de le sortir de cette situation. Il se résolut à demander de l’aide à ses compagnons : « Si l’un de vous peut acheter et affranchir Bilal, ce problème serait peut-être résolu ». C’est Abû Bakr qui s’y engagea. Au bout de longues tractations au cours desquelles il proposa d’échanger Bilal contre l’un de ses plus robustes esclaves, Abu Bakr réussit à convaincre Omayyah de lui vendre Bilal. La tradition dit qu'Abu Bakr aurait acheté Bilal contre neuf pièces d’argent. Et Bilal rejoignit Mohammad.




Désormais identifié comme adepte de l’islam et compagnon de Mohammad, Bilal subissait les mêmes persécutions que ses coreligionnaires. Lors de l’Hégire en 622 apr. J.-C., il suivit Mohammad à Yathrib, future Médine, et travailla avec les autres musulmans à la construction de la première mosquée.

À la fin de l’édification de la première mosquée, celle de Quba à Médine, il fallait appeler les fidèles à la prière. C’est donc en l’an I de l’Hégire, que la décision fut prise quant au moyen de rappeler aux croyants l’heure des prières. À ce sujet, l’envoyé de Dieu et ses compagnons passèrent en revue quelques procédés tels que l’usage du cor en vigueur chez les Juifs, ou de la cloche à la manière des Chrétiens. Les deux idées furent toutefois rejetées. La proposition avancée par Abd Allâh Ibn Zayd fut retenue : la voix

Le premier Adhân


Mohammad, qui avait remarqué la magnifique voix de Bilâl, le chargea de lever l’adhân. Flatté de l’honneur qu’il lui faisait, Bilâl s’exécuta avec empressement. Il grimpa sur le toit de la mosquée et lança le tout premier appel à la prière de sa plus belle voix. Sa prestation émut le prophète de l’islam et ses compagnons qui furent confortés dans leur choix et décidèrent que Bilal serait définitivement chargé de lever l'adhân. C’est ainsi que Bilal Ibn Rabah devint Bilal Al-Habashi, le premier muezzin de l’islam.


En 623, à la bataille de Badr qui vit la victoire des Musulmans sur les polythéistes mecquois, il combattit et tua son ancien maître, Omayyah Ibn Khalaf. Ce fut encore lui que Mohammad chargea de lever le premier adhân de La Mecque, du haut de la Ka'aba, après leur entrée triomphante dans la ville. Quand la Ka'aba fut ouverte, seul Bilal eut le droit d’accompagner Mohammad à l’intérieur pour débarrasser ce lieu saint, construit par Adam et que Ibrahim (Abraham) avait reconstruit avec son fils aîné Ismaël après le Déluge, de toutes les idoles qui s’y trouvaient.


L’exil du muezzin

À la mort de Mohammad le 8 juin 632, Bilal était effondré. Depuis, lever l’adhân était devenu un supplice pour lui. Ses souvenirs avec Mohammad l’assaillaient et l’empêchaient d’y mettre toute sa joie d’appeler les fidèles à la prière. Il demanda alors à Abû Bakr devenu premier calife de l’islam de le décharger de l’adhân et de l'envoyer en Syrie pour effectuer le jihad et participa à la conquête de Jérusalem, en 638. Du haut d’un plateau du Golan, alors qu’il refusait de lever l’adhân depuis la disparition de Mohammad, Bilal accéda à la supplique d’Omar ibn al-Khattab et lança un appel si émouvant qu’il arracha des larmes à tous les musulmans alentours.



Une mort annoncée

Vers la fin de sa vie, Bilal s’installa définitivement à Damas, en Syrie où il finit par se marier. Quelque temps avant sa mort, Mohammad lui dit en songe : « Pourquoi cet éloignement, Bilal ? N’est-il pas temps pour toi de me rendre visite ? ». Il prit immédiatement le chemin de Médine dont il s’était éloigné depuis sept ans. À son arrivée, il fut accueilli dans la joie par la famille de Mohammad. Hussein ibn Ali et Hassan ibn Ali, les petits-fils de Mohammad, lui demandèrent de lever l’adhân le lendemain matin. À l’aube, Bilal monta sur le toit de la mosquée et lança un appel qui bouleversa tout Médine.
Peu après, Bilal regagna Damas. À la nouvelle de la mort du prophète, Bilal aurait dit à son épouse : « Ne dis pas quelle calamité ! Mais dis plutôt quelle gaieté ! Demain je rejoindrai mes bien-aimés, Mohammad et ses compagnons. »

L’écrivain Abû Nu`aym affirme dans Hilyat Al-Awliyâ’, ouvrage encyclopédique, que Bilal était le secrétaire de Mohammad et qu’il avait le même âge qu’Abû Bakr. Il repose au cimetière historique de Bab al-Saghir dans le quartier sud de la vieille ville de Damas. Ses dates de naissance et de mort font l’objet de désaccord entre historiens. Pour certains, il serait né en l’an 53, pour d’autres, en 43 avant l’Hégire. Par contre, ils s’accordent à dire qu’il serait mort pendant le califat de Omar Ibn Al-Khattâb, vers 641, mais restent partagés sur son âge (60 ou 70 ans).

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